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L’Agrile du frêne : devrait-on arrêter de planter des frênes?

L’Agrile du frêne : devrait-on arrêter de planter des frênes?

Dans un passé récent, le frêne était un arbre indigène des plus répandus au Québec. Son bois était prisé pour la fabrication de meubles, de planchers de bois franc et de manches d’outils en tout genre. En raison de son élégance, de la solidité de ses branches et de sa bonne résistance à la pollution et au sel de déglaçage, c’était un arbre de choix dans les aménagements urbains et ruraux de la province. Mais c’était avant que l’agrile du frêne s’en mêle…Qu’en est-il depuis?

L'agrile du frêne, c'est quoi?

L’agrile du frêne est un insecte de l’ordre des coléoptères, tout comme les coccinelles et les scarabées, pour ne nommer que ceux-là. Originaire d’Asie, sa présence a été découverte en 2002 dans les villes voisines de Windsor, en Ontario et de Détroit, au Michigan. Au Québec, il a fait son entrée à Carignan en 2008, avant d’être signalé pour la première fois à Montréal en 2011. Depuis, il n’a cessé de s’étendre à d’autres villes et régions du Québec.

C’est un insecte très destructeur qui s’attaque à toutes les essences de frêne. À la fin du printemps, les jeunes adultes se nourrissent des feuilles de la cime des frênes, jusqu’à leur accouplement. Ils ne causent alors que peu de dommages. Par la suite, les femelles pondent leur œuf dans les interstices de l’écorce des branches et du tronc.

Dès que les larves émergent des œufs, elles commencent à se nourrir de la partie sous l’écorce où la sève est transportée (le phloème et le cambium). Donc, à mesure que les larves creusent des galeries de plus en plus longues et larges, la sève peut de moins en moins circuler dans l’arbre. Cela ne pardonne pas. Éventuellement, le frêne meurt. En quelques années seulement, une population d’agrile peut décimer les frênes de toute une région. Et rien ne semble arrêter sa fulgurante progression.

Comment reconnaître l’agrile du frêne?

L’agrile adulte est difficile à observer, car il est plutôt petit et discret. On le trouve principalement dans le feuillage de la cime de l’arbre. Il est de couleur vert émeraude métallique et il mesure environ 1,5 cm de long.

Crédit photo : Agence canadienne d’inspection des aliments

La larve est très différente de l’adulte. Elle est blanche et mesure de 1 à 30 mm selon son âge et son développement. Peu importe sa longueur, son corps est formé de 10 segments bout à bout.

Puisque la détection de l’agrile est difficile, cela rend son éradication impossible. Le plus souvent, c’est seulement au bout de quelques années qu’on se rend compte qu’un arbre a été atteint.

Le sommet de l’arbre montre alors un feuillage clairsemé drastiquement et de nombreux gourmands apparaissent à la base du tronc. Le jaunissement des feuilles et le dépérissement des branches sont des signes additionnels de la présence de l’insecte. On peut aussi constater le fendillement et le décollement de l’écorce à certains endroits. Les galeries en forme de S sont alors visibles.
Galeries en S sur un tronc de frêne 

Lorsque 30% de l’arbre montre des signes de dépérissement, il est déjà trop tard pour agir. L’arbre ne peut pas s’en remettre.

Pour un résumé très bien illustré, voyez cette courte animation produite par la Communauté métropolitaine de Montréal: État de situation de l’agrile du frêne au Québec

 

État de situation de l’agrile du frêne au Québec

Depuis 2008, l’agrile du frêne n’a cessé de progresser au Québec, et les frênes de disparaître de nos paysages.

Le ravageur est d’ores et déjà présent dans toutes les régions du sud et du centre du Québec, ainsi que dans le Bas-St-Laurent. Depuis 2022, il a été détecté en Gaspésie et en novembre 2023, sa présence a été confirmée au Témiscamingue.

Cette carte montre les zones atteintes

Comment peut-on limiter la propagation de l’agrile?

Les agriles peuvent voler sur une distance allant jusqu’à dix kilomètres. Mais par l’entremise du transport du bois de chauffage et d’autres produits de bois de frênes infestés, l’humain propage l’agrile sur de plus grandes distances encore.

Pour ralentir la propagation de l’agrile du frêne, le gouvernement canadien réglemente le déplacement de produits de bois potentiellement infesté. Nous vous invitons à consulter la page d’informations de l’ACIA (Agence canadienne d’inspection des aliments) sur les Dangers liés au déplacement du bois de chauffage.

Par ailleurs, quelques règles générales à respecter par le public :

  • Renseignez-vous sur la provenance de votre bois de chauffage. Si vous habitez une zone où l’agrile n’a pas encore été détecté, assurez-vous de ne pas acheter du bois de chauffage provenant d’une zone réglementée. Acheter localement est la meilleure option.
  • Évitez de planter des frênes. Plusieurs municipalités les interdisent dorénavant.
  • Si vos frênes sont morts, remplacez-les par des espèces recommandées.
  • Si 30% et plus des branches de votre frêne ont dépéri, procédez à son abattage durant la saison morte (normalement du 1er octobre au 31 mars).

Espèces de frênes sensibles

En Amérique du Nord, tous les frênes sont attaqués par l’agrile, quelle qu’en soit l’espèce. Au Québec, les espèces qu’on trouve le plus fréquemment sont:

Nom(s) commun(s)

Nom latin

Frêne d’Amérique ou frêne blanc

Fraxinus americana

Frêne d’Europe

Fraxinus excelsior

Frêne noir

Fraxinus nigra

Frêne rouge ou frêne de Pennsylvanie

Fraxinus pennsylvanica

 

Quel espoir pour le frêne face à l’agrile?

L’infestation par l’agrile du frêne a détruit des millions d’arbres. L’insecte s’est propagé de façon exponentielle. Est-ce que le frêne est condamné à disparaître complètement de notre territoire? Peut-être pas. Les scientifiques gardent espoir.

La résistance génétique des frênes

Des chercheurs de l’Ohio ont découvert que certains frênes ont développé une résistance à l’agrile. Sur ces arbres, le développement des larves est interrompu. Cette résistance a même été observée chez les descendants de ces arbres. Alors les recherches se poursuivent pour découvrir quels sont les gènes en cause. Ainsi, peut-être serait-il possible de faire des croisements avec des frênes d’ici.

Au Québec, la recherche porte sur le croisement du frêne noir, indigène dans nos forêts, avec le frêne de Mandchourie, une espèce asiatique plus résistante. Le croisement entre les deux espèces pourrait potentiellement créer des descendants résistants.

Les banques de semences de frênes au Canada

Pendant ce temps, à Ressources naturelles Canada, on récolte un maximum de semences de frênes, alors qu’il y en a encore dans les régions où l’agrile ne s’est pas répandu. Ainsi, on tente de se créer une réserve de semences pour le futur.

 

Des guêpes qui parasitent les agriles

En Asie, là d’où il vient, l’agrile ne fait pas autant de dommages, car ses populations sont équilibrées par la prédation et par les parasites présents dans son écosystème. Des essais sont donc en cours pour introduire ici, de façon durable, des petites guêpes parasitoïdes d’Asie s’attaquant à l’agrile. Sans l’éradiquer, leur présence permettrait de diminuer largement la pression qu’il exerce sur les frênes.

Des pièges à champignons contre l’agrile du frêne

Des recherches menées au Québec à l’INRS ont mené au développement d’un piège commercialisé sous le nom de FraxiProtect. Attirés par la forme et la couleur verte du piège, les agriles du frêne au stade adulte tombent dans une série d’entonnoirs jusqu’à une chambre de contamination où ils entrent en contact avec les spores d’un champignon qui leur est létal : le Beauveria bassiana. Ils ressortent du piège couverts de spores, puis ils s’envolent vers leurs congénères qu’ils contamineront au cours de la période d’accouplement. Ce système permet de diminuer la population d’agrile de 40% dans la zone d’efficacité d’un piège.

Crédit photo : FraxiProtec.com

Les injections avec des insecticides

En l’absence d’infestation, il existe des insecticides qui peuvent être appliqués en prévention: L’IMA-jet et le TreeAzin. Plusieurs villes en font usage dans l’espoir de préserver les plus beaux spécimens de leurs espaces publics. Ces traitements sont également accessibles pour les propriétaires privés par l’entremise d’arboriculteurs professionnels. Sachez que ce n’est pas une solution miracle qui fonctionne à tout coup. Le produit doit être injecté dans le tronc des arbres sains et il faut répéter les traitements tous les ans.

 

Quels arbres pour remplacer les frênes?

À l’heure actuelle, il n’est toujours pas souhaitable de planter des frênes. Comme nous le mentionnions, c’est même interdit dans plusieurs municipalités. Pour remplacer les frênes, voici des exemples d’essences indigènes suggérées :

 Nom commun

Nom latin

Zone

Caractéristiques générales

Bouleau jaune

Betula alleghaniensis

3b

Hauteur : 20-25 mètres

Exposition : soleil ou mi-ombre

Sol : riche et frais

Charme de Caroline

Carpinus caroliniana

3b

Hauteur : 15-20 mètres

Exposition : soleil ou mi-ombre

Sol : humide, profond et riche

Chêne bicolor

Quercus bicolor

4b

Hauteur : 18-24 mètres

Exposition : soleil ou mi=ombre

Sol :  humide et légèrement acide

Micocoulier

Celtis occidentalis

3a

Hauteur : 9-15 mètres

Exposition : soleil ou mi-ombre

Sol : riche et bien drainé

Pruche du Canada

Tsuga canadensis

4a

Hauteur : 25 mètres et plus

Exposition : ombre et mi-ombre

Sol : humide et bien drainé, acide

 

Jadis, la popularité du frêne était telle que c’était une des espèces les plus plantées dans nombre de villes du Québec. Les conséquences de l’agrile n’en sont donc que plus désolantes, laissant un grand vide dans les espaces publics et les terrains privés. 

Il importe donc de combler ce vide, car on ne saurait se passer de la présence d’arbres pour améliorer la qualité de nos paysages, préserver la qualité de l’air et de l’eau, capter du CO2 et réguler la température ambiante. Alors, sortons nos pelles!

Et si vous hésitez sur la méthode, voyez aussi Comment planter un arbre ou un arbuste.

 

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